Équation de Sylvester

Équation de Sylvester

algebra, analysis

On montre que l’équation d’inconnue admet une unique solution pour tout et pour tout dont les valeurs propres sont de partie réelle strictement négative.

Lemme 1. Soit une norme d’algèbre sur , et soit une matrice dont les valeurs propres sont de partie réelle strictement négative. Alors il existe une fonction polynômiale et tels que .

Démonstration. On fait la décomposition de Dunford de : . Comme et commutent, on a . Soient la matrice de passage donnée par la base de diagonalisation de et ses valeurs propres. En notant la norme subordonnée à sur , on a , par hypothèse. En dimension finie, toutes les normes sont équivalentes, donc il existe tel que .

Pour conclure, en notant l’indice de nilpotence de ,  ◻

Théorème 2 (Équation de Sylvester). Soient et deux matrices dont les valeurs propres sont de partie réelle strictement négative. Alors pour tout , l’équation admet une unique solution dans .

Démonstration. Comme l’application est un endomorphisme de , qui est un espace vectoriel de dimension finie, il suffit de montrer qu’elle est surjective pour obtenir l’injectivité (et donc l’unicité de la solution). Soit . On considère le problème de Cauchy suivant d’inconnue : Il s’agit d’une équation différentielle linéaire à coefficients constants (on peut voir cela notamment en calculant les produits et et en effectuant la somme ; l’égalité matricielle avec donnant le système d’équations voulu). D’après le théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire, admet une unique solution définie sur tout entier, que l’on note .

On vérifie que la solution est définie par . En effet pour tout , on a : car toute matrice commute avec son exponentielle (puisque est limite d’un polynôme en ) et donc commute aussi avec pour tout .

On va maintenant montrer que est la solution de l’équation de Sylvester. Pour tout , on intègre entre et pour obtenir : Il ne reste donc plus qu’à montrer que et que est intégrable pour conclure. Par le Lemme 1, il existe et polynômiales tels que et pour tout . Ainsi, en posant et , comme est une norme d’algèbre : En particulier, on a bien . De plus, comme est intégrable sur et domine , alors est aussi intégrable . Finalement, en faisant , on obtient : Donc : est surjective et est bien la solution de l’équation de Sylvester. ◻

Remarque 3. Pour dire que toute matrice commute avec , on aurait simplement pu dire que est un polynôme en ie. , tel que .

Démonstration. Soit . L’ensemble est un sous-espace vectoriel de qui est de dimension finie, donc l’est aussi et est en particulier fermé.

Pour tout , on pose de sorte que . Comme est fermé, on en déduit que . Donc tel que . ◻