Théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire

Théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire

analysis

En construisant un raisonnement autour du théorème du point fixe de Banach, on montre le théorème de Cauchy-Lipschitz, qui garantit l’existence d’une solution répondant à une condition initiale et l’unicité d’une solution maximale.

Soit ou .

Lemme 1. Soit un intervalle compact. L’espace est complet.

Démonstration. Soit une suite de Cauchy de . Soit , on a donc est de Cauchy dans . Comme est complet, la suite converge vers une limite notée . Ainsi, la suite de fonctions converge simplement vers la fonction nouvellement définie. Il reste à montrer que la fonction est continue.

Notons déjà que est de Cauchy, et est en particulier bornée : donc en particulier, si , . Par passage à la limite, on obtient . Donc est bornée et écrire a bien du sens.

Soit . Par définition, Donc, En faisant tendre vers l’infini, on obtient : Nous venons d’écrire exactement la définition de la convergence uniforme ! Ainsi, est une suite de fonctions continues qui converge uniformément vers , donc est continue. ◻

Théorème 2 (Cauchy-Lipschitz linéaire). Soient et deux fonctions continues. Alors , le problème de Cauchy admet une unique solution définie sur tout entier.

Démonstration. Commençons par supposer l’intervalle compact. On va montrer l’existence d’une solution globale. On écrit l’équation sous forme intégrale : et on introduit la suite de fonctions définie par récurrence sur par et : Notons et . Montrons par récurrence que pour tout et tout : Le résultat est clairement vrai pour , supposons donc le vrai à rang . Pour : et on procède de même pour , ce qui achève la récurrence.

Soit la longueur de . On obtient donc : Il en résulte que la série de fonction est normalement convergente. Comme est complet, la série est uniformément convergente. On a donc l’existence d’une fonction telle que ie. converge vers . Par convergence uniforme sur un intervalle compact, il est possible de passer à la limite dans . D’où : et comme est continue, elle est et vérifie donc bien .

On peut maintenant montrer l’unicité. Soient et deux solutions de sur . Par récurrence sur l’entier , on montre comme ci-dessus que pour tout : donc et coïncident bien sur .

Supposons maintenant quelconque. Il existe donc une suite croissante d’intervalles compacts telle que . En particulier, on définit bien l’application (où est la solution de sur ). En particulier, est dérivable sur tout entier, vérifie , et prolonge toute solution. ◻

Remarque 3. La preuve, telle qu’elle est écrite ici, est en grande partie issue d’un livre d’Alain Pommellet. Elle est également disponible (sous une forme un peu différente) comme l’indique la référence, dans [DAN].

Selon la leçon, on pourra préférer le théorème suivant (dont la démonstration utilise des arguments semblables).

Théorème 4 (Cauchy-Lipschitz local). Soient un intervalle de et un ouvert de . Soit une fonction continue et localement lipschitzienne en la seconde variable. Alors, pour tout , le problème de Cauchy admet une unique solution maximale.

Démonstration. Nous commençons par montrer l’existence en étapes.

  • Localisation : Fixons un réel tel que le produit soit contenu dans . est continue sur qui est compact, donc est bornée par sur .

  • Mise sous forme intégrale : Comme une solution de est de ce fait , on a

  • Choix d’un domaine stable : Soit . Introduisons l’intervalle , l’espace , puis l’application Le problème est ici de rendre stable par . Pour tout , Par suite, en choisissant , le domaine est stable par .

  • Détermination d’un domaine de contraction : Ici, est normé par la norme , et on veut faire de une contraction stricte. Soient , par définition, pour tout , désigne le rapport de lipschitziannité de . On choisit désormais tel que et .

  • Conclusion : L’application est, par choix de , une contraction stricte de dans lui-même. Le fermé de l’espace de Banach de est complet, par suite l’est aussi.

    Par le théorème du point fixe de Banach, possède donc un point fixe dans . est alors de classe et vérifie par .

Il reste maintenant à montrer l’unicité. On note l’ensemble des solutions de . , donc peut définir comme la réunion des intervalles de définition des solutions de .

Soient (on note et leur intervalle de définition). Une récurrence sur donne Donc et coïncident sur .

Ainsi, on définit correctement l’application (où tel que est dans son intervalle de définition). Si , il existe tel que soit dans son intervalle de définition . Comme et coïncident sur , est dérivable sur et Et comme , et prolonge toute solution. Donc est maximale et est bien unique. ◻