127 Exemples de nombres remarquables. Exemples d’anneaux de nombres remarquables. Applications.

Exemples de nombres remarquables. Exemples d’anneaux de nombres remarquables. Applications.

algebra

Nombres remarquables

Deux exemples fondamentaux : et

Définition 1. On définit la fonction exponentielle complexe pour tout par on note cette somme ou parfois .

Remarque 2. Cette somme est bien définie pour tout d’après le critère de d’Alembert.

Proposition 3.

  1. .

  2. est holomorphe sur , de dérivée elle-même.

  3. ne s’annule jamais.

Définition 4. On définit le nombre d’Euler par .

Proposition 5. La fonction est un morphisme surjectif de sur , le groupe des nombres complexes de module .

Proposition 6. En reprenant les notations précédentes, est un sous-groupe fermé de , de la forme . On note .

Nombres algébriques, transcendants

Définition 7. Un nombre complexe (resp. réel) est dit nombre algébrique complexe (resp. nombre algébrique réel) s’il existe tel que .

Exemple 8. et sont des nombres algébriques.

Théorème 9 (Liouville). Soit un nombre algébrique réel, racine d’un polynôme de degré supérieur ou égal à . Alors,

Application 10. Le nombre de Liouville, est transcendant.

Théorème 11 (Hermite). est transcendant.

Théorème 12 (Lindemann). est transcendant.

Application 13. Les nombres sont transcendants pour .

Anneaux de nombres algébriques

Notation 14. On note l’ensemble des nombres algébriques complexes. est alors l’ensemble des nombres algébriques réels.

Théorème 15.

  1. est un sous-corps de qui contient .

  2. est un sous-corps de qui contient .

Corollaire 16. est la clôture algébrique de .

Remarque 17. Toute extension de de degré fini est alors un sous-corps de .

Corps de nombres quadratiques

Proposition 18. Soit tel que . Les assertions suivantes sont équivalentes.

  1. .

  2. .

  3. Il existe premier tel que (la valuation -adique de ) est impair.

  4. est une extension de de degré .

Définition 19. On appelle corps quadratique toute extension de degré de dans .

Théorème 20. Soit un corps quadratique. Alors, il existe un entier relatif , sans facteur carré tel que désigne un complexe dont le carré est égal à .

Définition 21. Soit un entier non nul qui n’est pas un carré dans et avec . La norme de est

Proposition 22. Soit un entier non nul qui n’est pas un carré dans . Pour avec . Posons .

  1. L’application est un automorphisme des anneaux et . Pour tout , nous avons et . Si , alors .

  2. est un corps.

  3. Dans et , nous avons et .

Proposition 23. Soit un entier non nul qui n’est pas un carré dans .

  1. Les inversibles de avec .

  2. Tout élément non nul, non inversible possède une décomposition en irréductibles dans .

Anneau des entiers de Gauss

Définition 24. L’anneau est l’anneau des entiers de Gauss.

Exemple 25. Pour , nous avons et donc les inversibles de sont et .

Notation 26. On note l’ensemble des entiers qui sont somme de deux carrés.

Remarque 27. .

Lemme 28. est euclidien de stathme .

Lemme 29. Soit un nombre premier. Si n’est pas irréductible dans , alors .

Théorème 30 (Deux carrés de Fermat). Soit . Alors si et seulement si est pair pour tout premier tel que (où désigne la valuation -adique de ).

Corps cyclotomiques

Soit un entier supérieur ou égal à .

Définition 31. On définit l’ensemble des racines -ièmes de l’unité. C’est un groupe (cyclique) pour la multiplication dont l’ensemble des générateurs, noté , est formé des racines primitives -ièmes de l’unité.

Proposition 32.

  1. .

  2. , où désigne l’indicatrice d’Euler.

Proposition 33. Le sous-corps de ne dépend pas de la racine -ième primitive de l’unité considérée.

Définition 34. On appelle corps cyclotomique, un corps de la forme de la Proposition 33 (ie. engendré par une racine primitive de l’unité).

Définition 35. On appelle -ième polynôme cyclotomique le polynôme

Théorème 36.

  1. .

  2. .

  3. est irréductible sur .

Corollaire 37. Le polynôme minimal sur de tout élément de est . En particulier, le degré de sur est .

Application 38 (Théorème de Wedderburn). Tout corps fini est commutatif.

Application 39 (Dirichlet faible). Pour tout entier , il existe une infinité de nombres premiers congrus à modulo .

Application à la constructibilité à la règle et au compas

On note un plan affine euclidien muni d’un repère orthonormé direct . On s’autorise à identifier chaque point avec ses coordonnées dans .

Définition 40. On dit qu’un point est constructible (sous-entendu à la règle et au compas) si on peut le construire en utilisant uniquement la règle et le compas, en supposant et déjà construits.

Proposition 41. Soient , deux points constructibles distincts.

  1. Si est constructible, son symétrique par rapport à l’est aussi.

  2. est constructible.

  3. Si est un point constructible, on peut construire à la règle et au compas la perpendiculaire à passant par .

  4. Si est un point constructible, on peut construire à la règle et au compas la parallèle à passant par .

Proposition 42. Soit .

Définition 43. Un nombre vérifiant la proposition précédente est dit nombre constructible.

Proposition 44.

  1. Tout élément de est constructible.

  2. est constructible si et seulement si et le sont.

Théorème 45. L’ensemble des nombres constructibles est un sous-corps de stable par racine carrée.

Théorème 46 (Wantzel). Soit . est constructible si et seulement s’il existe une suite fini de sous-corps de vérifiant :

  1. .

  2. , est une extension quadratique de .

  3. .

Corollaire 47.

  1. Si est constructible, le degré de l’extension sur est de la forme pour .

  2. Tout nombre constructible est algébrique.

Contre-exemple 48.

  • est algébrique, non constructible.

  • est transcendant et n’est donc pas constructible.

Application 49 (Quadrature du cercle). Il est impossible de construire, à la règle et au compas, un carré ayant même aire qu’un disque donné.

Application 50 (Duplication du cube). Il est impossible de construire, à la règle et au compas, l’arête d’un cube ayant un volume double de celui d’un cube donné.