159 Formes linéaires et dualité en dimension finie. Exemples et applications.

Formes linéaires et dualité en dimension finie. Exemples et applications.

algebra

Soit un espace vectoriel sur un corps commutatif de dimension finie .

Dual d’un espace vectoriel

Formes linéaires, espace dual

Définition 1. Une forme linéaire sur est une application linéaire de dans . L’espace formé par l’ensemble des formes linéaires sur est appelé dual de et est noté .

Exemple 2.

  • Soit une base de . Alors pour tout , la projection est une forme linéaire.

  • Toute combinaison linéaire de formes linéaires est une forme linéaire.

Remarque 3. Une forme linéaire non nulle sur est surjective.

Définition 4. On appelle hyperplan de , le noyau d’une forme linéaire non nulle sur .

Proposition 5.

  1. Un hyperplan de est un sous-espace de supplémentaire d’une droite.

  2. Deux formes linéaires non nulles définissent le même hyperplan si et seulement si elles sont liées.

Bases duales

Définition 6. En reprenant les notations de la Exemple 2, les projections sont les formes linéaires coordonnées. On note , . La famille est appelée base duale de .

Remarque 7. Soit une base de . Pour tout , on a

Théorème 8. Soit une base de . Alors, la base duale est une base de .

Corollaire 9.

  1. est un espace vectoriel de dimension .

  2. Pour tout , on a .

Corollaire 10. Tout hyperplan de est de dimension .

Exemple 11. Soit un ouvert. Soit différentiable en . Alors, est la base duale de la base canonique de .

Bidual

Définition 12. On appelle bidual de le dual . On le note .

Exemple 13. Pour , l’application est un élément de .

Théorème 14. est un isomorphisme entre les espaces et .

Remarque 15. Cet isomorphisme est canonique : il ne dépend pas du choix d’une base de .

Corollaire 16. Soit une base de . Il existe une unique base de telle que, pour tout , .

Définition 17. En reprenant les notations précédentes, est appelée base antéduale de .

Exemple 18. On suppose . Soient une base de et Alors, est une base de , dont une base antéduale est

Orthogonalité au sens de la dualité

Orthogonal d’une partie, d’une famille

Définition 19. On dit qu’une forme linéaire et un vecteur sont orthogonaux si .

Définition 20.

  • L’orthogonal dans d’une partie non vide de est l’ensemble

  • L’orthogonal dans d’une partie non vide de est l’ensemble

Théorème 21. Soient , des parties non vides de et , des parties non vides de .

  1. Si , alors .

  2. Si , alors .

  3. .

  4. .

  5. .

  6. .

  7. .

Corollaire 22.

  1. Pour tout sous-espace vectoriel de , on a

  2. Pour tout sous-espace vectoriel de , on a

  3. Pour tout sous-espace vectoriel de , et pour tout sous-espace vectoriel de , on a et .

  4. Pour toute partie de , on a .

  5. Pour tous sous-espaces vectoriels et de , on a :

  6. Pour tous sous-espaces vectoriels et de , on a :

Corollaire 23. Si est une famille de formes linéaires sur de rang , le sous-espace vectoriel de est alors de dimension . Réciproquement, si est un sous-espace vectoriel de de dimension , il existe alors une famille de formes linéaires de rang telle que .

Application transposée

Définition 24. Soient et deux espaces vectoriels sur . Soit . La transposée de est l’application

Proposition 25. est linéaire, injective de dans .

Théorème 26. Soient , et trois espaces vectoriels sur . Soient et . On a :

  1. .

  2. Pour , .

  3. Si est un isomorphisme de sur , alors est un isomorphisme de sur et .

  4. .

  5. est surjective si et seulement si est injective.

  6. .

  7. est injective si et seulement si est surjective.

  8. Si et sont de dimension finie, alors et ont même rang.

  9. Si est la matrice de dans des bases et , alors est la matrice de dans les bases et .

Corollaire 27. Soient et deux bases de et la matrice de passage de à . Alors, la matrice de passage de à est

Proposition 28. Soit . Alors un sous-espace vectoriel de est stable par si et seulement si son orthogonal l’est.

Application 29 (Trigonalisation simultanée). Soit une famille d’endomorphismes de diagonalisables qui commutent deux-à-deux. Alors, il existe une base commune de trigonalisation.

Lien avec l’orthogonalité au sens euclidien

Théorème 30 (de représentation de Riesz). Soit un produit scalaire sur .

Ainsi, si est muni d’un produit scalaire , on retrouve la notion classique d’orthogonalité euclidienne avec .

Exemple 31. L’application est un isomorphisme.

Applications

Formule de Taylor

On suppose de caractéristique nulle.

Application 32 (Formule de Taylor). Pour tout , on définit : Alors, est une base de , dont la base antéduale est .

Corollaire 33. On suppose . Alors est racine d’ordre de si et seulement si

Exemple 34. Le polynôme n’a que des racines simples dans .

Remarque 35. C’est encore vrai en caractéristique non nulle pour .

Invariants de similitude

Soient un espace vectoriel de dimension finie et .

Définition 36. On dit que est cyclique s’il existe tel que .

Proposition 37. est cyclique si et seulement si .

Définition 38. Soit . On appelle matrice compagnon de la matrice

Proposition 39. est cyclique si et seulement s’il existe une base de telle que .

Théorème 40. Il existe des sous-espaces vectoriels de tous stables par tels que :

  • .

  • est cyclique pour tout .

  • Si , on a pour tout .

La famille de polynômes ne dépend que de et non du choix de la décomposition. On l’appelle suite des invariants de similitude de .

Théorème 41 (Réduction de Frobenius). Si désigne la suite des invariants de , alors il existe une base de telle que : On a d’ailleurs et .

Corollaire 42. Deux endomorphismes de sont semblables si et seulement s’ils ont la même suite d’invariants de similitude.

Application 43. Pour ou , deux matrices sont semblables si et seulement si elles ont mêmes polynômes minimal et caractéristique.

Application 44. Soit une extension de . Alors, si sont semblables dans , elles le sont aussi dans .

Classification des formes quadratiques

Soit une forme quadratique sur .

Lemme 45. Il existe une base -orthogonale (ie. si est la forme polaire de , une base si ).

Théorème 46 (Loi d’inertie de Sylvester). où les formes linéaires sont linéairement indépendantes et où . De plus, ces entiers ne dépendent que de et pas de la décomposition choisie.

Le couple est la signature de et le rang est égal à .

Exemple 47. La signature de la forme quadratique est , donc son rang est .