170 Formes quadratiques sur un espace vectoriel de dimension finie. Orthogonalité, isotropie. Applications.

Formes quadratiques sur un espace vectoriel de dimension finie. Orthogonalité, isotropie. Applications.

algebra

Soit un espace vectoriel sur un corps et de dimension finie .

Généralités

Définitions

Définition 1. Soit une application.

  • On dit que est une forme bilinéaire sur si pour tout , et pour tout , sont linéaires.

  • Si de plus pour tout , on dit que est symétrique.

Définition 2. On appelle forme quadratique sur toute application de la forme est une forme bilinéaire sur .

Exemple 3. Sur , définit une forme quadratique.

Proposition 4. Soit une forme quadratique sur . Il existe une unique forme bilinéaire symétrique telle que pour tout . est la forme polaire de , et on a

Exemple 5. Sur , est une forme quadratique, dont la forme polaire est .

Représentation matricielle

Définition 6. Soient une forme quadratique sur et une base de . On appelle matrice de dans la matrice définie par est la forme polaire de . Le rang de désigne le rang de cette matrice.

Exemple 7. La matrice de la forme quadratique de l’Exemple 3 est

Proposition 8. Soient et deux bases de dont on note la matrice de passage entre ces bases. Soit une forme quadratique sur . Alors,

Remarque 9. En particulier, en reprenant les notations précédentes, et sont équivalentes : le rang de est bien défini et ne dépend pas de la base considérée.

Orthogonalité et isotropie

Soit une forme quadratique sur de forme polaire .

Définitions et propriétés

Définition 10.

  • On appelle cône isotrope de l’ensemble

  • est dite définie si .

  • Les vecteurs de sont dits isotropes pour .

Exemple 11. La forme quadratique définie sur par n’est pas définie car est un vecteur isotrope non nul.

Définition 12.

  • Deux vecteurs sont dits -orthogonaux si . On note cela .

  • Si , on appelle orthogonal de l’ensemble .

Proposition 13.

  1. Si , .

  2. Si , .

  3. Si , .

Définition 14.

  • On appelle noyau de le sous-espace vectoriel

  • On dit que est non-dégénérée si et dégénérée si .

Proposition 15. On a . En particulier, si est définie, alors est non dégénérée.

Exemple 16. Sur , est une forme quadratique non dégénérée mais non définie non plus.

Proposition 17. Soit un sous-espace vectoriel de .

  1. .

  2. .

  3. Si la restriction de à est définie, alors .

  4. Si est définie, .

Proposition 18. Soit la matrice de dans une base . Alors,

Corollaire 19. est non dégénérée si et seulement si pour une base quelconque de .

Exemple 20. Sur , est non dégénérée (car de déterminant ).

Bases -orthogonales

Définition 21. Une base de est dite -orthogonale si ses vecteurs sont deux à deux -orthogonaux.

Remarque 22. Si est une base -orthogonale, alors

Théorème 23. Il existe une base -orthogonale de .

Remarque 24. Si est une base -orthogonale, en posant pour tout , on a est la base duale de .

Théorème 25 (Méthode de Gauss). On écrit et on cherche à écrire comme combinaison linéaire de carrés de formes linéaires indépendantes. On a deux cas :

  1. Il existe tel que . On peut suppose , on pose alors . On réécrit sous la forme : est une forme linéaire et une forme quadratique. On itère alors le procédé avec .

  2. Sinon. Si , c’est terminé. Sinon, il existe un non nul. On peut suppose , on pose alors . On réécrit sous la forme : et sont des formes linéaires et une forme quadratique. En utilisant une identité remarquable : On itère alors le procédé avec .

Exemple 26. Sur ,

Classification des formes quadratiques

Soit une forme quadratique sur .

Si

On suppose .

Théorème 27. Il existe une base de telle que, si , on a

Remarque 28. En reprenant les notations précédentes, est le rang de et la matrice identité de taille .

Corollaire 29. Il existe une base -orthonormée (ie. pour tout ) si et seulement si (ie. est non dégénérée).

Si

On suppose .

Définition 30. est dite positive (resp. négative) si pour tout , (resp. ).

Théorème 31 (Loi d’inertie de Sylvester). où les formes linéaires sont linéairement indépendantes et où . De plus, ces entiers ne dépendent que de et pas de la décomposition choisie.

Le couple est la signature de et le rang est égal à .

Remarque 32. En reprenant les notations précédentes, il existe donc une base telle que est le rang de et la matrice identité de taille .

Corollaire 33. On note la signature de .

  1. est définie positive si et seulement si si et seulement s’il existe des bases -orthonormées.

  2. est définie négative si et seulement si .

  3. est non dégénérée si et seulement si .

Exemple 34. En reprenant l’Exemple 26, on a : est de rang .

Proposition 35. Si est définie, alors ou bien est positive, ou bien est négative.

Si

On suppose avec premier.

Définition 36. On appelle discriminant de le déterminant de sa matrice dans une base de .

Théorème 37. Soit un non-résidu quadratique modulo . Alors, on a deux classes d’équivalence de formes quadratiques non dégénérées sur , de matrices congrues à : est de l’un ou l’autre type suivant que son discriminant est, ou non, un carré de .

Applications

Produit scalaire

On suppose de nouveau .

Définition 38. On appelle produit scalaire sur la forme polaire d’une forme quadratique définie positive.

Proposition 39 (Inégalité de Cauchy-Schwarz). Soit une forme quadratique positive sur de forme polaire . Alors, Si de plus est définie, il y a égalité si et seulement si et sont colinéaires.

Proposition 40 (Inégalité de Minkowski). Soit une forme quadratique positive sur . Alors,

Corollaire 41. Soit un produit scalaire sur . Alors, est une norme sur .

Proposition 42 (Identité du parallélogramme). En reprenant les notations précédentes, et cette identité caractérise les normes issues d’un produit scalaire.

Racines de polynômes

Soit un polynôme de degré .

Notation 43. On note :

  • les racines complexes de de multiplicités respectives .

  • .

Proposition 44. définit une forme quadratique sur ainsi qu’une forme quadratique sur .

Théorème 45 (Formes de Hankel). On note la signature de , on a :

  • .

  • Le nombre de racines réelles distinctes de est .

En analyse

Soit un ouvert.

Lemme 46. Soit inversible. Alors il existe un voisinage de dans et une application de classe telle que

Lemme 47 (Morse). Soit une fonction de classe (où désigne un ouvert de contenant l’origine). On suppose :

  • .

  • La matrice symétrique est inversible.

  • La signature de est .

Alors il existe un difféomorphisme de classe entre deux voisinage de l’origine de et tel que et

Application 48. Soit la surface d’équation est de classe au voisinage de l’origine. On suppose la forme quadratique non dégénérée. Alors, en notant le plan tangent à en :

  1. Si est de signature , alors est au-dessus de au voisinage de .

  2. Si est de signature , alors est en-dessous de au voisinage de .

  3. Si est de signature , alors traverse selon une courbe admettant un point double en .