226 Suites vectorielles et réelles définies par une relation de récurrence . Exemples. Applications à la résolution approchée d’équations.

Suites vectorielles et réelles définies par une relation de récurrence . Exemples. Applications à la résolution approchée d’équations.

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Suites récurrentes

Définition et premières propriétés

Définition 1. Soit un ensemble. On dit qu’une suite d’éléments de est récurrente d’ordre si on peut écrire et les premières valeurs étant donnés.

Exemple 2. On considère la suite numérique définie par et on a,

Exemple 3. On considère les suite numérique et définies par Alors, pour , on a donc

Application 4 (Formule de Viète).

Exemple 5. La suite de fonctions polynômiales définie par récurrence par : est une suite bornée si et seulement si .

Théorème 6. Soit un espace métrique compact. Soit une suite de telle que . Alors l’ensemble des valeurs d’adhérence de est connexe.

Corollaire 7 (Lemme de la grenouille). Soient continue et une suite de telle que Alors converge si et seulement si .

Récurrences classiques

Soit ou . On fixe une suite récurrente d’ordre définie par .

Définition 8.

  • Si est une translation (ie. est de la forme ), alors est une suite arithmétique de raison .

  • Si est linéaire (ie. est de la forme ), alors est une suite géométrique de raison .

  • Si est affine (ie. est de la forme ), alors est une suite arithmético-géométrique.

  • Si est homographique (ie. est de la forme , , , et ), alors vérifie une récurrence homographique.

Proposition 9.

  1. Si est arithmétique de raison , alors , .

  2. Si est géométrique de raison , alors , .

  3. Si est arithmético-géométrique et si , en posant , on a , .

Proposition 10. Supposons que vérifie une récurrence homographique. On considère l’équation Alors :

  1. Si admet deux racines distinctes et , on a , .

  2. Si admet une racine double , on a , .

Remarque 11. Ces formules permettent de décider s’il existe un rang tel que le dénominateur de s’annule, auquel cas les termes ultérieurs de la suite ne sont pas définis.

Exemple 12. Pour la relation , l’équation admet pour solutions, donc .

Suites récurrentes vectorielles

Proposition 13 (Déterminant circulant). Soient et . On pose . Alors .

Application 14 (Suite de polygones). Soit un polygone dont les sommets sont . On définit la suite de polygones par récurrence en disant que, pour tout , les sommets de sont les milieux des arêtes de .

Alors la suite converge vers l’isobarycentre de .

Outils pour étudier les suites récurrentes

Stabilité de l’intervalle et continuité

Soient un intervalle de . On fixe une suite récurrente d’ordre définie par .

Théorème 15 (Caractérisation séquentielle de la continuité). En reprenant les notations précédentes, une fonction est continue si et seulement si pour toute suite réelle convergente dont on note la limite, .

Corollaire 16. Si une suite récurrente d’ordre (dont on note la fonction) converge vers , alors .

Exemple 17. La suite définie par et converge vers .

Proposition 18.

  1. Si est croissante, alors est monotone et son sens de monotonie est donnée par le signe de .

  2. Si est décroissante, alors et sont monotones et leur sens de monotonie est opposé.

Exemple 19. La suite réelle définie par récurrence par : est une suite qui converge vers .

Équation caractéristique

Définition 20. Une suite à valeurs dans vérifie une récurrence linéaire homogène d’ordre si .

Proposition 21. Si on note les racines du polynôme caractéristique de (de multiplicités respectives ), alors l’ensemble des suites vérifiant est l’ensemble des suites telles que : , est un polynôme de degré strictement inférieur à .

Exemple 22. Soit la suite définie par . Son polynôme caractéristique est .

  1. Si a deux racines distinctes et , alors et sont tels que et .

  2. Si a une racine double , alors et sont tels que et .

Exemple 23. Soit la suite de Fibonacci définie par , et , . Alors,

Exemple 24. La suite définie par et est à termes positifs si et seulement si .

Développement asymptotique

Définition 25. À toute suite numérique on y associe sa suite des moyennes de Cesàro

Théorème 26. Si converge vers , alors sa suite des moyennes de Cesàro converge vers . On dit que converge au sens de Cesàro.

Proposition 27. Soit une application continue définie au voisinage de admettant un développement asymptotique en de la forme , où et . Alors pour assez petit, la suite définie par pour vérifie

Exemple 28. Si et est définie par et , on a l’équivalent en :

Proposition 29. En reprenant les notations précédentes, on a, pour ,

Exemple 30. On définit par et , on a l’équivalent en :

Applications à la résolution approchée d’équations

Point fixe et itération

Théorème 31 (Point fixe de Banach). Soient un espace métrique complet et une application contractant (ie. ). Alors, De plus la suite des itérés définie par et converge vers .

Théorème 32 (Point fixe dans un compact). Soit un espace métrique compact et telle que alors admet un unique point fixe et pour tout , la suite des itérés converge vers ce point fixe.

Application 33. Soient et dérivable, strictement croissante et telle que , et sur . On pose . On considère l’équation : Alors :

  1. admet une unique solution et pour tout point initial , la suite des itérés définie par converge vers .

  2. La vitesse de convergence est estimée par la suite géométrique : il faut que les bornes et soient proches.

Remarque 34. Cela marche aussi dans le cas où , et (il suffit alors de changer en ).

Définition 35. Soient un intervalle fermé de et une application de classe . Soit un point fixe de .

  • Si , on dit que est attractif. Si de plus , est superattractif.

  • Si , on dit que est répulsif.

Proposition 36. On reprend les notations précédentes et on considère la suite des itérés (avec et ). Alors :

  1. Si est attractif, converge à une vitesse géométrique :

  2. Si est superattractif et est telle que sur , alors la vitesse de convergence est hypergéométrique :

  3. Si est répulsif, il existe tel que admette une application réciproque définie sur et le point est attractif pour .

Exemple 37. Soit . On pose et on considère Alors possède trois solutions réelles telles que :

  • .

  • et est attractif.

  • .

Méthode de Newton

Théorème 38 (Méthode de Newton). Soit une fonction de classe strictement croissante sur . On considère la fonction (qui est bien définie car ). Alors :

  1. tel que .

  2. tel que est stable par .

  3. La suite des itérés (définie par récurrence par pour tout ) converge quadratiquement vers pour tout .

Corollaire 39. En reprenant les hypothèses et notations du théorème précédent, et en supposant de plus strictement convexe sur , le résultat du théorème est vrai sur . De plus :

  1. est strictement décroissante (ou constante).

  2. pour .

Exemple 40.

  • On fixe . En itérant la fonction pour un nombre de départ compris entre et et , on peut obtenir une approximation du nombre .

  • En itérant la fonction pour un nombre de départ supérieur à , on peut obtenir une approximation du nombre d’or .

Exemple 41. La méthode de Newton appliquée à la fonction dans le but d’approximer ses zéros donne :

Généralisation à

Théorème 42 (Méthode de Newton-Raphson). Soit (où est un ouvert) de classe telle que . On suppose que est inversible. Alors il existe un voisinage de dans tel que soit bien définie sur et la suite des itérés converge quadratiquement vers .

Exemple 43. On considère le système On pose et ainsi que : Alors la suite des itérés converge vers l’unique solution de et on a :

Annexes

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La suite de polygones.